Je recueille les histoires, tranches, moments de vie de personnes qui souhaitent dé-poser leur histoire pour en garder une trace. J’écoute leur récit dans un premier temps. Puis, si elles le souhaitent, je le mets en mots, en couleurs, en images poétiques, en rythme.
Il peut s’agir de projets individuels, portés par des particuliers, ou d’interventions auprès d’un groupe dans le but de récolter des témoignages sur une thématique. Je peux également accompagner des projets individuels de récit de vie où narratrice ou narrateur prennent eux même la plume.
Mon métier en cache mille autres. D’une certaine manière, je suis photographe. Je permets de figer un moment de vie, de mettre sous vers les histoires extra-ordinaires, de garder presque intacte la vivacité d’un souvenir, son intensité, le contraste des émotions. Je suis aussi couturière du temps : j’assemble des morceaux décousus d’une même histoire, qui ne tiennent plus qu’à un fil. Je tisse un patchwork harmonieux, cohérent, unique. Parfois j’ai la sensation que je restaure un tableau, un portrait qui trône sur le mur de la salle à manger mais dont les couleurs s’estompent au rythme des années, dont certains éléments ont été effacés par le temps. Je cherche alors les pigments qui vont s’approcher le plus des éléments originels : je devine, je joue sur les nuances, je mélange les textures. Parfois encore je suis animatrice 3D : on me confie un récit en deux dimensions et j’en imagine les contours, les reliefs, l’arrière-plan, les volumes, les ombres pour lui donner de la consistance. Je lui donne corps. D’une certaine manière, c’est un retour aux sources de ma formation de traductrice : je me documente, je me plonge dans des contenus parfois techniques, je creuse, je source, je cherche l’essence avec un élément essentiel: ne jamais trahir le fond. Je traduis.
Dans un premier temps, nous nous rencontrons pour discuter de votre envie, de votre projet. Quelle est sa raison d’être ? Pourquoi avez-vous envie, besoin, de laisser une trace de votre histoire ? Nous construisons ensemble les balises de notre collaboration autour de trois axes :
Nous cheminons ensemble lors d’entretiens d’une durée d’1h30, que j’enregistre. Leur nombre dépend du type de récit que vous souhaitez partager (le temps d’écoute d’une biographie sera plus long que celui d’un récit de naissance par exemple) et ils sont espacés d’une semaine à dix jours maximum. Je retranscris ensuite les entretiens, j’en gomme les redondances, répétitions, tics de langage. Je réorganise l’ensemble afin qu’il soit cohérent et fluide, sans toutefois réécrire à ce stade.
Nous nous revoyons et je vous lis, à haute voix, le récit retranscrit et réorganisé afin que vous entendiez votre histoire. Comment résonne-t-elle ? Je vous transmets ensuite le document pour que vous validiez le contenu, le fond, à tête reposée. Cette étape permet d’apporter des modifications, des nuances pour que le texte soit fidèle à votre réalité. Nous profitons également de ces échanges pour envisager, ou pas, une suite à notre travail.
Raconter votre histoire et l’entendre vous a apporté ce que vous recherchiez et nous nous arrêtons là.
Vous avez envie de vous lancer dans la réécriture de votre récit ? Nous considérons alors la suite selon vos envies et établissons les modalités : accompagnement à la rédaction, relecture.
Vous avez envie que je me charge de la réécriture ? Je prends alors la plume pour mettre en mots, en lien, en rythme le récit. Ce travail peut s’accompagner d’une impression unique, reliée à la main, pour la narratrice ou le narrateur, voire d’une édition de plus grande envergure dans le cas d’un travail avec une structure ou d’une finalité autre.
Un récit de vie peut épouser des formes et des finalités multiples. Aimée m’a raconté un bout de son histoire, de sa traversée du deuil périnatal et a souhaité que son récit vive et puisse être lu. Ensemble, nous avons embarqué dans cette aventure visant à faire éclore “Chrysalides”. Nous avons rencontré sur notre route Les ateliers de l’escargot Editions, qui nous ont permis de concrétiser cette envie.
Fleur écoute Aimée, sa sœur, et elle retranscrit sa traversée. Aimée et Nicolas ont perdu un enfant, un tout petit enfant. Il n’aura vécu que quelques minutes. Aimée et Nicolas, eux, ont continué à vivre. Comment vivre après la perte, comment aimer au-delà de la mort, comment renaître à soi ; c’est ce qu’ Aimée nous enseigne, en nous livrant son expérience. Les mots de Fleur sont légers, précis, choisis délicatement pour écrire l’indicible, pour écrire l’amour et la lumière aussi.
« Chrysalides » est le récit d’une renaissance, c’est aussi une histoire d’amour fou entre des parents et leur enfant, c’est un livre qui ne nous épargne pas mais qui, en même temps, nous révèle. Sa lecture nous renvoie à notre propre lumière, à nos propres capacités de résilience, quels que soient les vécus traversés.
Illustrations : Mimenbulle
Édition : Les ateliers de l’escargot Éditions
De Fleur Sizaire d’après un récit d’Aimée Sizaire
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