Ancrer l'Empreinte

La démarche du studio

Ancrer l’empreinte s’appuie sur deux concepts, l’écriture et l’humain, explore les liens qui les unissent et met l’accent sur le partage, l’échange et la transmission.

Au cœur d’ Ancrer l’empreinte, une bien belle question : quelles traces laisse-t-on ?

L’écriture est une partie de la réponse : écrire pour transmettre, pour partager, pour témoigner, pour convaincre, pour expliquer, pour s’amuser ou pour dire, simplement. Écrire pour se mettre en mouvement. Pour faire entendre une voix.  Jeter l’encre pour se projeter. Écrire pour ancrer l’empreinte.

À propos - qui suis-je ?

Fleur Sizaire

Si les mots m’ont toujours entourée, j’ai longtemps écrit sans écrire, c’est-à-dire sans prendre conscience que j’écrivais. Mon parcours a pris un tournant décisif à l’université, où j’ai découvert le slam de poésie au beau milieu de mes études de traduction et d’interprétation. Ces rencontres ont profondément transformé mon rapport à l’écriture.

Différentes expériences professionnelles dans les secteurs culturel et de l’égalité des chances, ont naturellement orienté ma pratique. Écrire devient alors un doux murmure partagé, un espace où chaque histoire trouve sa place et où chaque projet peut prendre vie avec authenticité.

Ces multiples facettes de ma personnalité font que j’écris ici en « je », en « on », en « nous », car on n’est jamais vraiment seul quand on écrit, non ?

Lueurs

“Les chroniques de la musaraigne”. J’avais 8 ans. Ou 9. Ou 10. Avec Sylvain, camarade de classe de l’époque, nous écrivons et illustrons cette nouvelle. Il dessine, j’écris. En y réfléchissant bien, c’était là le tout premier texte que je créais, sans en avoir vraiment conscience. Les années passent et mon écriture reste confinée au cadre scolaire. Je raffole des dictées, des rédactions, des dissertations. J’associe déjà écriture et partage en ré-écrivant les devoirs de rédaction de mes amis!  J’écris sans écrire. En première année à l’université vient le tournant. La claque. Rien ne sera plus pareil. Après un cours, l’un de mes professeurs m’interpelle: “Tu fais quoi jeudi soir ? Il y a une scène slam à la Maison Folie de Mons. Tu connais ? Vas-y, fais-moi confiance, je pense que ça te plairait”. Je découvre, dans le public dans un premier temps, le slam de poésie.  Ce soir-là, en rentrant, je noircis compulsivement la moitié d’un cahier. Cette rencontre avec le slam ouvre une porte dont je ne connaissais pas l’existence. J’écris alors la nuit, je sèche – parfois – les cours pour terminer le texte dans lequel je suis lancée. C’est arrivé deux ou trois fois, papa, maman, pas plus, promis ! Cracher sur papiers mes colères, mes doutes, mes émerveillements est alors plus fort que moi. L’écriture est d’abord cathartique. Puis, petit à petit, elle évolue. Mes intentions aussi. Je commence à écrire en jouant, ou à m’amuser en écrivant. Je jongle avec les mots, les rythmes, les nuances, les styles. Je suis des études de traduction et interprétation, l’aubaine ! Je m’amuse à ré-écrire des paragraphes entiers en renversant les phrases, en commençant par la fin, sans utiliser les mêmes mots. La traduction me permet d’utiliser toute cette boîte à outil que je me construis. L’écriture prend des formes multiples. Mes cahiers deviennent des pensives, des bibliothèques à souvenirs où je range les regards croisés, les points d’interrogation, où se rejouent des scènes dont je ne sais plus si elles ont existé ou pas, si elles sont miennes ou pas. Écrire devient un doux murmure. 

Les années passent. J’emprunte une voie professionnelle qui m’emmène sillonner les secteurs socio-culturel, artistique, puis celui de l’égalité des chances. En parallèle, je nourris une passion qui peut paraître à l’opposé : le sport, plus précisément le sport collectif et le rugby. Cet aspect polymorphe me représente bien. J’écris d’ailleurs ici en “je”, en “on” en “nous”, car on n’est jamais vraiment seul quand on écrit, non ? Ces facettes de ma personnalité façonnent la manière dont je conçois l’écriture. Si l’acte d’écrire est solitaire, je l’aime tourné vers l’autre. La dynamique collective se fond dans l’écriture. J’aime écrire pour d’autres, avec d’autres, mêler les disciplines. Ces balises dans mes vies professionnelle, familiale, amicale, sportive, ces ingrédients dont je suis faite, je les intègre dans mes projets d’écriture. La mémoire, le patrimoine, le sport, la féminité, la maternité et leurs angles morts, le deuil, la transmission, la mort, sont des thèmes que j’aime aborder, avec bienveillance et respect. L’écriture me permet d’enfiler plusieurs vestes. 

J’ai toujours écrit, sans jamais imaginer une seule seconde que je pourrais en faire mon métier.  En 2021, je me lance alors dans un projet personnel, toujours en cours : raconter un moment de vie très précis de l’histoire de mon grand-père maternel, fils d’exilés polonais arrivés dans le Nord de la France pour travailler dans les mines. Lors de la Seconde Guerre mondiale, à 21 ans, il fut à la tête d’une unité clandestine de Résistance très active dans le Nord-Pas de Calais, reconnue et soutenue par le Président polonais en exil à Londres. J’ai grandi avec cet héritage, avec ses “histoires de guerre” comme je disais. Il est décédé il y a plus de 20 ans mais j’ai gardé une fascination pour lui et son histoire héroïque incroyable et que je porte en moi. La “petite” histoire qui se mêle à la grande. Plus je me plonge dans ce travail, plus une question s’impose à moi comme évidence : comment transmettre à mes enfants, aux autres générations de ma famille ou plus largement, aux générations futures, cette histoire incroyable ? C’est exactement ça qui me guide dans mon travail d’écriture, cette question: quelles traces laisse t-on ? Comment faire pour laisser des traces si l’on en ressent le besoin, sans prétention, sans ambition autre que celle de transmettre, de partager ? La flamme est là. Elle a toujours été là. Et aujourd’hui, elle danse ici.